Discours décoration Patricia Savin

DISCOURS POUR LA REMISE DE LA CROIX DE CHEVALIER DANS L’ORDRE DU MÉRITE

À MADAME PATRICIA SAVIN LE 29 NOVEMBRE 2010

 

Très chère Patricia,

Au moment où je commençais à préparer mon compliment en votre honneur, j’ai été pris d’un doute et d’une frayeur. N’avais-je pas, en acceptant, manqué de prudence ? Un avocat ne plaide pas pour quelqu’un qui lui est trop proche. J’ai tant d’admiration et d’affection pour vous que mon propos risquait de s’en ressentir. Mais il est vrai que vous n’avez besoin d’aucune défense. Je ne viens pas ici plaider. Et c’est pourquoi j’ai pris le parti, sans aucune réticence d’exposer publiquement, tout le bien que je pense de vous.

À vrai dire, notre amitié (car c’est une amitié profonde même si j’ai, à peu de chose près, l’âge de votre père Maurice) est née il y a environ cinq ans. Elle ne saurait que s’épanouir encore puisqu’elle a maintenant l’âge de raison.

Vous m’aviez impressionné, plusieurs années auparavant, par la qualité de votre regard qui semblait à la fois tenir les êtres à distance et en percevoir, sans exception, tous les mystères cachés. Votre extraordinaire intuition, secondée par un prodigieux « comprenoir », pour reprendre le mot fameux, vous rend précieuse et redoutable. Ce que votre cœur et votre intelligence reçoivent, vous le mettez immédiatement en ordre avec une surprenante économie de moyens et de paroles. Et votre sens de l’efficacité opère aussitôt le tri entre l’utile et le superflu pour le plus grand service des passions nobles qui vous animent. Malheur aux scories, même incarnées : vous ne vous y attardez pas ; vous ne les accablez pas non plus. Vous les ignorez.

Pour autant, la grande dame que vous êtes est une femme de cœur, un cœur ardent qui ne se consume pas à brûler mais qui éclaire et réchauffe ceux qu’il aime. Chacune et chacun de ceux qui ont compté et qui comptent pour vous en savent quelque chose.

Votre père Maurice et votre mère, Nicole Marcoz, l’ont éprouvé les premiers. Vous leur rendez hommage pour l’éducation qu’ils vous ont donnée, fondée non sur une culture imposée mais sur l’apprentissage de la responsabilité ainsi que du respect des autres et de la nature. Éducation faite d’exemples et d’échanges : votre père, Maurice Savin, directeur d’une agence régionale filiale de SHELL, était spécialisé dans la gestion de toutes les énergies et leur économie, tandis que votre mère, Nicole Marcoz, qui avait cessé son activité de laborantine pour se consacrer à l’éducation de ses deux enfants, a poursuivi ses recherches personnelles, orientées vers la diététique, soucieuse de vous initier à une écologie du quotidien. Dans le magasin qu’elle ouvrit, lorsque vous fûtes devenus adolescents, elle proposait à la vente des aliments biologiques et macrobiotiques et des ouvrages alternatifs sur la santé et l’environnement.

Vous étiez donc tombée dans le bouillon toute petite, bouillon bio naturellement.

Vous parlez aussi de David, votre frère, avec une profonde tendresse : souvenirs heureux de vacances nombreuses, de la colocation comme étudiants à Lyon et d’amitiés nouées ensemble avec celles et ceux dont nombre vous accompagnent aujourd’hui.

Vous avez trois ans lorsque votre famille quitte Grenoble où vous êtes née pour s’installer en Haute-Savoie à Annecy. J’ai moi-même goûté le charme de cette belle demeure où j’ai eu la joie de fêter votre anniversaire en famille avec vos amis. Elle est située en dehors de la ville, en pleine nature ; j’ai encore dans les yeux cette belle et grande berge sauvage qui la sépare du lac, veillé de l’autre côté par ces montagnes sages et quasi-maternelles qui invitent à la paix, au recueillement et à l’humilité. Vous y avez grandi dans une union heureuse et harmonieuse avec votre famille, vos amis, la terre, l’eau et les cimes.

Vous dites que le sport occupe une place importante dans votre vie et c’est vrai : la voile (vous êtes titulaire du diplôme du monitorat fédéral de voile), le windsurf, l’escalade, le vélo VTT, le surf des neiges, la natation, la course à pieds, les marches en montagne et trecks.

Vous en parlez avec un enthousiasme qui m’a fait rêver car si je vous ai bien comprise, ce n’est pas le goût de la performance ni l’obsession de se défier soi- même, ni le besoin d’être reconnue première qui vous animent. Vous êtes très au- dessus, très au-delà de ces vanités. Ce que vous dites aimer, chez vous à Sevrier ou dans tous les coins du monde dont vous avez sillonné les mers ou gravi les sommets, à Ténérife, aux Canaries, au Cap-Vert, en Égypte sur la mer rouge, du Kilimandjaro, dans les immensités de pierres du Népal et sur ses montagnes couvertes de monastères à la spiritualité intimidante, c’est cet échange sans cesse renouvelé entre la nature et vous- même dans un partage vécu avec les êtres qui vous sont chers, vos compagnons d’aventures.

Votre âme se régénère constamment au spectacle de la beauté qui vous enseigne aussi l’humilité depuis la contemplation de lacs aux couleurs d’or jusqu’à la confrontation avec les éléments à qui vous portez respect et gratitude. Vous dites joliment : « on ne combat pas le vent ; on tente de l’apprivoiser et de se faire accepter ».

Vous pourriez faire vôtres les paroles de mon maître Georges Bernanos :

« Mes amis, quand je serai mort, dites au doux royaume de la terre que je l’aimais plus que je n’ai osé le dire ! ».

Votre expérience n’est pas seulement faite de ces émerveillements et de ces joies : vous avez connu l’épreuve de l’accident en mobylette pendant les vacances d’été quand vous étiez adolescente. Une fracture du fémur avec complications vous a contrainte à subir trois opérations, une greffe et quelques désagréments supplémentaires. Vous êtes restée trois jours entre la vie et la mort, puis vous avez intégré la classe de seconde en béquilles, trois mois après la rentrée, trop vite puisque vous avez dû vous arrêter encore.

Comme vous êtes une alchimiste née qui transforme le plus petit caillou en pierre précieuse, plus tard un modeste avocat en bâtonnier, vous faites de l’adversité une chance : c’est la naissance de votre amitié indéfectible avec votre amie Christine Lamarche, la marraine de votre fils Adrien, qui vous apportait chaque semaine chez vous les cours hebdomadaires et remportait au lycée vos devoirs pour qu’ils fussent corrigés. Ce fut l’occasion de rencontres avec Damien et Claire que vous continuez à voir avec bonheur dans le souvenir de la complicité, de l’entraide et de la joie partagées.

Cet accident, loin de vous rendre timorée, vous a convaincue de vivre encore plus pleinement et intensément chaque minute de la vie tout en vous faisant, pour toujours, compatissante et attentive aux autres. Parce que votre âme est belle et féconde comme un sol préservé, vous savez rendre à tout moment à d’autres ce que vous a prodigué la générosité de vos proches.

Étonnez-vous après que l’on vous admire, que l’on vous respecte et que l’on vous aime !

Yvon Martinet, votre compagnon de jeunesse et votre mari depuis tout juste dix ans, le dirait mieux que moi. Je ne m’aventurerai pas à exprimer à sa place ni à la vôtre la qualité de l’amour que vous vous portez. Qu’il me soit seulement permis de témoigner, aujourd’hui, du couple exemplaire que vous formez. La venue d’Adrien, votre fils, l’a rendu plus attachant encore au point que chacune et chacun de vos amis se prend un peu pour ses parents adoptifs.

Au fond, mon propos pourrait s’arrêter là : la femme que je viens d’évoquer si rapidement, Chère Patricia, mérite pour ses seules qualités de femme, la reconnaissance de la République. Ce propos ne peut pas vous choquer !

Mais la femme d’exception est devenue juriste et avocate, naturellement d’exception.

Vous obtenez à la faculté de droit de Lyon votre licence et votre maîtrise en carrière judiciaire, toutes années couronnées de mentions. Vous continuez par un DEA avec mention et obtenez un doctorat de droit de l’environnement avec félicitations du jury.

Dès 1989, à l’âge de vingt-trois ans, vous vous étiez totalement investie dans le droit de l’environnement qui n’était pas très couru il y a vingt-et-un ans. Des proches vous recommandaient un DEA en droit des obligations, le DEA de référence. Mais conseillée par vos parents, vous avez choisi cette voie royale qui vous permettait de faire la synthèse entre le beau métier de juriste et votre passion pour la nature que vous ne cessiez d’approfondir grâce au sport.

Cet idéal familial est d’une particulière noblesse : il ne s’agissait pour vous, ni pour Maurice et Nicole, de vous orienter vers un nouveau marché du droit qui aurait été porteur ou encore moins de sacrifier à une mode nouvelle, mais de mettre au service de vos contemporains toutes vos qualités pour que cette terre, notre planète, fut respectée, protégée, préservée. C’est pourquoi votre thèse fut une véritable thèse de pionnière. En voici le titre : « L’effectivité du droit répressif des pollutions et nuisances ».

Cet important travail, vous ne l’avez pas bâclé. D’ailleurs vous ne bâchez rien. Pendant quatre ans, vous vous êtes intensément consacrée à cette tâche tout en assurant des travaux dirigés en droit pénal en qualité d’attachée temporaire à l’enseignement et à la recherche.

En même temps, vous passiez vos mercredis et samedis à travailler dans un magasin de planche à voile, à la fois pour rester au contact de vos amis sportifs, vous équiper des meilleurs matériels de voile et gagner l’argent vous permettant ensuite de voyager avec eux.

Vous obtenez, à Paris, deux diplômes : le CAP d’avocat et celui de l’Institut de droit public des avocats. Vous entrez comme stagiaire au cabinet Huglo Lepage. Yvon Martinet vous contacte alors en 1995 pour vous proposer de rencontrer les associés du cabinet Moquet Borde qui recherchent une collaboratrice compétente en droit de l’environnement. Vous faites connaissance alors avec Dominique Borde et Jean Leygonie et rejoignez leur cabinet. C’est sous la houlette de Jean Leygonie que vous avez pu apprendre à appliquer votre savoir, que jusque-là vous considériez très théorique, à des situations totalement nouvelles et qui n’étaient pas enseignées en DEA, telles que l’intégration du droit de l’environnement dans des opérations de fusion- acquisition, des montages de sociétés, des contentieux de responsabilité.

Puis vous êtes devenue collaboratrice au cabinet de Pardieu, Brocas, Mafféi et Leygonie. Vous y avez découvert le milieu de l’immobilier pour lequel vous avez pu développer une compétence particulière en matière de financement de projets ou de cessions d’actifs immobiliers en relation avec l’écologie.

Vous vous mariez, en 2000, avec Yvon. Il choisit, comme vous le dites joliment, de garder son patronyme de Martinet et vous, celui de Savin.

Au début de l’année 2003, vous créez ensemble un cabinet de niche axé sur le droit de l’environnement appliqué au monde des affaires et de l’immobilier. Le cabinet Savin-Martinet Associés est né.

Vous observerez, Mesdames, Messieurs, que l’ordre des patronymes ne suit pas l’ordre alphabétique ni celui de l’inscription au tableau (89 pour lui, 96 pour elle). De mauvais esprits pourraient penser que Patricia s’est imposée en tête, par orgueil, ou qu’elle a cédé, par coquetterie, à la galanterie de son mari. La première hypothèse ferait injure à son humilité, la seconde à son féminisme.

L’explication est tout autre : sur le plan phonétique Savin Martinet sonne mieux que Martinet Savin. Je ne voulais pas laisser passer cette occasion de faire leur sort à toutes les interprétations mesquines.

Dès l’année suivante, le cabinet devient le référent pour la France du groupement européen Iurope. En 2006, il crée aux côtés des cabinets La Garanderie, Féral-Schul et Arsène une sorte de partenariat dénommé « Droits croisés » afin de développer une synergie entre les compétences de ces cabinets de niche : social, nouvelles technologies, fiscal et environnement. C’est ainsi qu’a lieu une rencontre avec Mme Pappalardo, déléguée interministérielle au développement durable.

Et comme Patricia Savin et Yvon Martinet mettent leur honneur à se conformer les premiers aux bonnes pratiques qu’ils enseignent aux autres, leur cabinet obtient une triple certification dès 2004, renouvelée depuis à deux reprises en 2007 et en 2010. Seul cabinet à l’avoir obtenu à ce jour, sa rareté leur a valu le prix du Managing Partner de l’année 2006 dans les cabinets d’affaires décerné au titre des Trophées Décideurs Finance et Droit et remis par un jury de directeurs juridiques, financiers et recruteurs.

Donner l’exemple, montrer le chemin et le faire sans bruit révèle une haute exigence éthique. Le cabinet exerce dans un immeuble rénové HQE, c’est-à-dire de Haute Qualité Environnementale. C’est le maître d’œuvre Philippe Maigne, devenu un ami, qui a œuvré dans un immeuble haussmannien pour le mettre aux normes, Maurice Savin, lui, ayant été réquisitionné pour superviser et gérer la cible « maîtrise de l’énergie », et pour établir le cahier des charges, la revue des contrats, l’amélioration des propositions faites.

Telle est une vie réussie : l’accomplissement d’un rêve d’enfant dans l’âge mur. Vous avez bien mérité que la presse salue votre entreprise pionnière.

Il me faudrait consacrer une partie importante de la soirée pour vous dire tout ce à quoi Patricia s’est appliquée en plus. Membre d’un comité juridique du ministère de l’écologie, chargée de préparer des travaux de réfection pour la commission Coppens, elle a coopéré à la création de la Charte de l’environnement adoptée en 2004.

Passionnée par l’enseignement, Chère Patricia, vous avez été chargée de travaux dirigés en droit pénal et en droit de l’environnement de 1991 à 1995. Depuis

1996, vous animez nombre de séminaires, de colloques et de cours sur le droit de l’environnement au sein d’organismes de formation privés et publics (Elegia, Chambre de commerce et de l’industrie de Paris, Édition Formation Entreprise (EFE), Institute for International Research (IIR), CNPP, École supérieure de Chimie de Cergy-Pontoise) ainsi qu’au sein du Mastère environnement, sécurité et qualité de l’Université de Versailles et de l’École de formation du barreau de Paris.

Vous êtes même intervenue récemment sur le principe de précaution au Collège de France. Vous avez accompli nombre de dégagements savants, dans le cadre de débats publics ou de consultations organisées sur les plantes transgéniques : à l’UNESCO en janvier 2000, au Conseil économique et social en mars 2002, au Sénat en décembre 2002. Vous êtes l’auteur de nombre de fascicules dans le Juris-Classeur Environnement ou le Lamy Santé. Vous rédigez régulièrement des articles sur le droit de l’environnement dans différents magazines et revues (Les Echos, Hydroplus, Droit de l’environnement, Le Juriste, le Bulletin de droit de l’environnement industriel, Juris Classeur édition G, Option Finances, Technica, le Magazine des Affaires, …).

Mais comme vous n’avez qu’une vie, vous ne la concevez que pleine à ras-bord.

Entrée en 1996 à l’UJA grâce à la Commission droits fondamentaux, vous avez noué des amitiés indéfectibles notamment avec Anne Demetz. Vous en êtes devenue présidente en 2002 et vous avez travaillé à des réalisations concrètes : refonte de la maquette de La Lettre de l’UJA, changement de tout le mobilier du local, réalisation d’un film souvenir autour des quatre-vingts ans de l’association, exposition et livre souvenir réalisé avec l’aide d’Yves Ozanam, organisation de la soirée anniversaire de l’UJA à la mairie du 16ème arrondissement avec le concours de notre regretté confrère et ami Christian Taittinger.

Vous rappelez que vous avez été la cinquième femme présidente de l’UJA en quatre-vingts ans d’histoire. Vous faites partie de ces grandes dames du barreau dont vous avez célébré les louanges dans votre première Lettre de l’UJA en publiant vos interviews de Gisèle Halimi, Dominique de La Garanderie, Sabine Lochmann, Carole Xueref.

Vous avez rencontré Christiane Féral-Schul en 1996 quand elle était responsable de la Commission des marchés émergents de l’Ordre des avocats de Paris. Vous êtes devenue responsable de la sous-commission de l’Ordre

« Biotechnologie » et vous avez été, à ce titre, auditionnée par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Vous êtes depuis 2007, avec Yvon Martinet, co-responsable de la commission de l’ordre « Environnement et développement durable ». Vous avez procédé à la diffusion de films consacrés à ces questions environnementales et éthiques : La 13ème heure, Nos enfants nous accuseront, Solutions locales pour un désordre global, Une vérité qui dérange.

Enfin, vos engagements associatifs sont multiples : au sein de l’association Orée qui développe une réflexion commune et expérimente des solutions concrètes pour une gestion intégrée de l’environnement à l’échelle des territoires. Vous en êtes la secrétaire générale.

Vous vous êtes impliquée au sein de l’association AFILOG, en charge de la logistique durable, de l’association des directeurs immobiliers, de l’association AGRION, réseau mondial qui réunit les entreprises concernées par l’énergie, les matières premières, la mobilité, la gestion urbaine et le développement durable.

Membre de l’association française des docteurs en droit, AFDD, et de la société française pour le droit de l’environnement (SFDE), vous allez bien trouver encore une dizaine d’associations où vous continuerez à former passionnément toutes celles et ceux qui songent à préserver ce monde des inconséquences humaines.

À votre vie de femme et de mère, vous ajoutez l’emploi du temps d’un moine bénédictin.

Oserais-je ici parler de moi ? oui car je vous dois aussi mon témoignage. Vous avez accepté, en 2005, de co-diriger avec Didier Chambeau ma campagne pour le bâtonnat. Le travail accompli en commun avec Didier, Yvon et vous-même occupe dans ma mémoire une place d’exception. Votre disponibilité, la pertinence de vos avis et l’extrême intelligence avec laquelle vous avez structuré mon programme d’éventuel bâtonnier en surveillant sa mise en ligne m’ont conduit à vous baptiser pour toujours :

« ma directrice de conscience ».

Surtout, notre première rencontre a marqué un tournant décisif dans ma vie : je portais depuis quarante ans le nœud papillon et en deux mots, sans me froisser, vous m’avez convaincu qu’on assure mieux la promotion d’idées originales si l’on porte la cravate de tout le monde.

Mesdames, Messieurs, vous vous rappelez, dans Le Petit Prince de Saint- Exupéry, l’épisode de ce savant turc qui était venu exposer à un public de savants des thèses nouvelles et géniales mais qui avait été brocardé à cause de son costume traditionnel. Revenu quelques semaines plus tard, habillé à l’européenne, ses qualités avaient alors éclaté aux yeux de tous.

Chère Patricia, en féminisant la phrase de Paul Valéry, je dirais volontiers de vous : « la femme de génie, c’est celle qui m’en donne ».

Mesdames, Messieurs, j’en ai terminé. Vous ne vous doutez pas de tout ce que j’ai laissé de côté pour ne parler que de l’essentiel.

Je n’ai évoqué ni sa passion de la littérature japonaise, ni son goût des gymnastiques extrême-orientales, ni celui de la danse, ni celui du yoga ni de son passage à l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale. Je le ferai à l’occasion de la remise de sa rosette.

Si je voulais, ce soir, résumer ce qui fait la rareté de cette femme hors du commun, je lui emprunterais la citation qu’elle m’a livrée : « Un humain véritablement sage ne se laissera emporté par aucun des huit vents : la prospérité, les revers, la disgrâce, les honneurs, les louanges, la critique, la souffrance et le plaisir. Il ne tire orgueil de la prospérité, ni ne se lamente des revers de fortune ».

Chère Patricia, vous n’avez pas défini un idéal ou une ambition pour vous- même, vous vous êtes tout simplement décrite telle que vous êtes pour notre plus grande joie à tous.

Et c’est pourquoi me revient l’honneur, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, de vous faire Chevalier de l’Ordre national du mérite.

Christian Charrière-Bournazel

 

Le 29 novembre 2010